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Biographie de Robert Boyle

« Le fils du comte de Cork et le père de la chimie moderne »

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Robert Boyle est né le 25 janvier 1627 au château de Lismore, près de Cork, au sud de l’Irlande. Son père, d’origine anglaise, Richard Boyle, était grand trésorier du Royaume d’Irlande et comte de Cork ; il était devenu un riche propriétaire foncier et fut considéré comme « le premier millionnaire colonial ». Sa mère, Catherine Fenton, mourut trois ans après sa naissance et c’est sa grande sœur, Katherine Boyle (la future Lady Ranelagh), qui joua en quelque sorte le rôle de mère de substitution. 

En 1634, le jeune Robert commença ses études. Il fut envoyé au collège d’Eton d’octobre 1635 à novembre 1638. Puis, en 1639, Robert, accompagné par son frère Francis, entreprit son Grand Tour en Europe, sous la tutelle d’Isaac Marcombes (1610-1654), un protestant calviniste français. Lors de ce Tour, après avoir traversé la France, il s’installa dans la maison de Marcombes à Genève. Ce séjour dans la cité de Calvin fut entrecoupé de voyages en Savoie, en Suisse et en Italie. Isaac Marcombes donna une assez bonne instruction aux enfants du comte de Cork, mais Robert porta un regard critique sur la rhétorique et la logique. En revanche, il apprécia énormément l’étude des différentes disciplines mathématiques. C’est également lors de son séjour à Genève que Robert eut son expérience de conversion. Au cœur d’une nuit d’orage, durant l’été 1640 ou 1641, les coups de tonnerre, le vent impétueux et la très forte pluie épouvantèrent le jeune homme qui crut que le Jour du jugement dernier était arrivé. Il jura alors de se convertir et de vivre plus religieusement s’il devait en réchapper. En quelque sorte, il resta toute sa vie fidèle à cet engagement et devint un chrétien anglican profondément convaincu. C’est également durant ce Grand Tour que Boyle commença à s’intéresser à la morale stoïcienne et à la philosophie de la nature.

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Le Manoir de Stalbridge

En été 1644, Robert Boyle avait 17 ans lorsqu’il retourna à Londres après son long voyage. La situation politique avait changé et la Guerre Civile durait depuis deux ans. Après avoir renoué des liens avec sa sœur Katherine, Boyle partit s’installer dans le manoir de Stalbridge dans le Dorset. Son père était mort en 1643 et lui avait laissé cette propriété ainsi qu’une situation financière confortable. À Stalbridge Boyle s’intéressa d’abord à des questions d’éthique. En effet, il voyait « le péché comme l’incendiaire principal de la guerre ». Il rédigea ainsi des essais de morale et une romance religieuse : Le Martyre de Théodora et de Didyme en 1649. Cependant, dès 1646, Boyle commença à s’intéresser également à l’expérimentation et à l’étude de la nature. Sa conversion intellectuelle à la science expérimentale se fit durant l’été 1649, lorsqu’il commença à réaliser des expériences de chimie concluantes. Cependant, cette conversion ne l’empêcha pas de placer ses recherches dans une perspective profondément religieuse. En effet, la science expérimentale, qui nous fait comprendre le Livre de la Nature, nous oblige à nous tourner vers le Créateur, et l’érudition biblique, qui nous donne la possibilité d’interpréter correctement le Livre des Écritures saintes, nous permet de recevoir correctement l’enseignement de Dieu. 

C’est en 1655 que Boyle quitta Stalbridge pour Oxford afin de mieux satisfaire ses nouvelles ambitions scientifiques. Il s’installa dans une maison de High Street où il monta son deuxième laboratoire. C’est à Oxford que Boyle rencontra l’évêque et savant John Wilkins (1614-1672) qui avait fondé un Club de philosophie expérimentale pour faire revivre la démarche scientifique de Francis Bacon. Boyle rejoignit ce groupe qui comprenait, outre Wilkins, John Wallis (1616-1703), Jonathan Goddart (1617-1675), Seth Ward (1617-1689), Christopher Wren (1632-1723) et Thomas Willis (1621-1675), c’est-à-dire des mathématiciens, chimistes, astronomes, médecin, etc. C’est par l’intermédiaire de ce Club que le jeune Robert Hooke (1635-1703) devint assistant de Robert Boyle. Dans son laboratoire d’Oxford Boyle put mettre ainsi en place ses premiers travaux de recherche, dont son premier livre scientifique : Nouvelles expériences physico-mécaniques concernant l’élasticité de l’air et ses effets, publié en 1660, et son premier livre de chimie, Le Chimiste sceptique, publié en 1661. C’est seulement dans la réponse à Francis Line, dans un texte intitulé Défense de la doctrine touchant l’élasticité et le poids de l’air, publié en 1662, que Boyle proposa un énoncé précis de la loi reliant la pression de l’air à son volume et qui porte aujourd’hui son nom. Ce Club de philosophie expérimentale donna naissance en 1660 à la Royal Society, la première institution scientifique moderne de Grande Bretagne. Boyle fut donc l’un des membres fondateurs les plus importants de cette société. La devise de cette dernière, nullius in verba, peut être traduite par « ne croire personne sur parole » et révèle bien la perspective expérimentale qui unissait tous ses membres. Boyle poursuivit ses travaux de recherche en lien avec la Royal Society. Comme tous les membres de cette société, il s’opposa à la philosophie naturelle de la scolastique et publia sa position mécaniste anti-aristotélicienne en 1666, dans son livre L’Origine des formes et des qualités d’après la philosophie corpusculaire. Durant la même année, il poursuivit ses recherches scientifiques avec notamment un livre sur l’hydrostatique. Cette période fut marquée par la Grande peste et le Grand incendie de Londres. 

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La maison occupée par Boyle à Oxford

(détail de la gravure de Middiman et Pye, Wellcome Collection Londres)

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La maison de Boyle à Londres,

au centre de l'image

C’est en 1668 que Boyle décida de quitter Oxford pour rejoindre Londres où la Royal Society avait élu domicile. Il s’installa chez sa sœur, Lady Ranelagh, à Pall Mall, non loin du palais Saint James. Il y construisit son troisième laboratoire et y resta jusqu’à la fin de sa vie. Malgré des ennuis de santé, Boyle continua avec beaucoup d’intensité ses travaux de recherches et ses publications en sciences et en théologie. À côté de ces deux sujets, il faut également remarquer des études que nous considérons aujourd’hui comme proprement philosophique. Il publia ainsi en 1686, Enquête libre sur la notion commune de nature, et en 1688, Enquête concernant les causes finales des choses naturelles. Auparavant, Boyle avait également réalisé une série de travaux en alchimie qui aboutirent à la publication, en 1678, de Récit historique d’une dégradation de l’or, produite par un anti-élixir. Enfin, à côté de ses recherches proprement expérimentales, Boyle continua sa réflexion en théologie avec des publications comme : De la Grande vénération que l’intellect de l’homme doit à Dieu et Le Savant chrétien. La conclusion de ce dernier livre était déjà contenue dans son sous-titre : « en adhérant à la philosophie expérimentale, un homme est plutôt aidé qu’indisposé à être un bon chrétien ».

En 1691, Robert Boyle et sa sœur Katherine se retrouvèrent tous les deux très malades à Pall Mall. La maladie emporta d’abord Lady Ranelagh, puis, une semaine après, dans les toutes premières heures du 31 décembre, ce fut le tour de son frère Robert. Il fut enterré près de sa sœur dans le sanctuaire de l’église St Martin-in-the-Fields à Londres, le 7 janvier 1692.

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